jeudi 18 octobre 2007

Parasites

"J'aimerais vous parler des expériences les plus récentes que j'ai faites avec le son, qui m'ont paru surprenante. Elles ont affaire avec les ronronnements qui nous accompagnent lorsque nous sommes dans une maison ou même dans une salle de concert. Toute ma vie j'ai pensé qu'il faudrait essayer de s'en débarrasser. Naturellement on ne s'en débarrasse jamais, parce que si le ronronnement du réfrigérateur, par exemple, s'arrête on appelle quelqu'un pour qu'il le remette en marche. On s'inquiète davantage de garder la nourriture en bon état que de l'expérience acoustique. Mais ce qui est arrivé c'est que je me suis mis à prendre plaisir à ces sons, je veux dire que maintenant je les écoute réellement avec le genre de plaisir que j'ai quand j'écoute la circulation. Bon, il est facile de reconnaître la beauté de la circulation, mais ces ronronnements sont plus difficiles et je n'étais vraiment pas parti pour les trouver beaux. C'est seulement, disons, ces trois derniers mois qu'ils viennent, pour ainsi dire, à moi."

John Cage 1984

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cage, dans cet extrait, décrit les parasites sonores comme des choses minimales. c'est étrange qu'un new yorkais puisse écrire ça. Il aurait était plus probant qu'il parlent des sirènes de police, du brouhaha de la circulation et des gens dans la rue, des bruits des voisins...Dans cet extrait, j'ai l'impression qu'il tente de théorisé son travail après coup.

yb a dit…

Je ne pense pas qu'on puisse considérer le bourdonnement d'un frigo comme quelque chose de minimal, au contraire c'est quelque chose d'assez riche (au niveau du spectre sonore). C'est plutôt du côté de Ryoji Ikeda ou Alva Noto qui utilisent des sinusoïdes pures qu'on peut trouver du minimal.

Ce qui travaille John Cage c'est cet impossible silence comme en témoigne 4'33. Et c'est - je pense- la philosophie zen qui le réconcilie avec ce qu'on considère comme des nuisances sonores: de finir par apprécier ce qui nous dérange.

"Everything is music".